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Flash Placements Mai 2025
Les institutions internationales et les courtiers baissent leurs prévisions de croissance en raison de l'incertitude politique et des droits de douane. Parallèlement, la baisse des taux d'inflation ouvre la voie à des réductions des taux d'intérêt.
Executive Summary
- De nombreuses institutions internationales ont suivi les modèles de prévision de la banque centrale d’Atlanta et des courtiers ont abaissé leurs prévisions de croissance, tenant ainsi compte de l’incertitude politique accrue et des mesures protectionnistes.
- Les droits de douane contre la Chine sont pour l’instant maintenus, mais une volonté de négocier se dessine du côté des États-Unis.
- Les taux d’inflation continuent à baisser et les banques centrales ont une marge de manoeuvre pour réduire leurs taux d’intérêt afin de soutenir la conjoncture.
- Les droits de douane et leur effet potentiellement inflationniste restent un facteur d’incertitude.
L’OMC et le FMI revoient leurs prévisions de croissance
- L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a fortement revu à la baisse ses prévisions pour le commerce des marchandises cette année, compte tenu de la menace des droits de douane et de l’incertitude politique. Le commerce devrait reculer de 0,2 % en 2025 et se redresser de 2,5 % en 2026.
- L’escalade du conflit douanier entre la Chine et les États-Unis renchérit les flux commerciaux de 125 % et 145 % respectivement. La Chine menace désormais de restreindre les exportations de terres rares dans le cadre de la guerre commerciale, ce qui nuirait beaucoup au secteur technologique américain et stimule la volonté de négocier dans l’autre camp.
- Le Fonds monétaire international abaisse également ses prévisions de croissance mondiale pour l’année en cours de 3,3 % à 2,8 % et celles pour les États-Unis de 2,7 % à 1,8 %, en tenant compte de la menace des droits de douane.
- L’institution souligne que les perspectives s’assombriront encore si la guerre commerciale s’étend. Les droits de douane pourraient déclencher un choc de l’offre et accélérer la hausse des prix.
- De même, de nombreuses banques de Wall Street ont abaissé leurs perspectives et augmenté les probabilités de récession en raison de l’incertitude politique croissante – le FMI est même passé de 25 % à 40 % pour l’États-Unis.
États-Unis : courbe des taux 2–10 ans vs. récession et S&P 500 (depuis 1976)
Source : Bloomberg Finance L.P., les fluctuations massives de 2020/21 sont masquées
La politique commerciale américaine assombrit les prévisions
- Les économies mondiales n’ont déjà enregistré qu’une croissance modérée au quatrième trimestre 2024, qui devrait avoir encore ralenti au cours des premiers mois, une tendance qui pourrait encore se renforcer en raison de la mise en place de barrières commerciales.
- Les droits de douane punitifs « réciproques » annoncés le 2 avril par Donald Trump et introduits le 9 avril ont déjà été suspendus le soir même pour la plupart des pays pendant 90 jours. Cela ne permet ni d’instaurer la confiance ni de fonder des prévisions économiques fiables. Les droits de douane contre la Chine restent maintenus à 145 %.
- Le Smoot-Hawley Tariff Act de 1930, qui avait également un arrière-plan protectionniste, est considéré comme coresponsable de l’aggravation de la crise économique mondiale de cette période. Or les droits de douane annoncés par le président Trump dépassent ceux de 1930. Comme à cette époque, de nombreux économistes s’opposent aujourd’hui aux mesures de l’administration Trump, jugées néfastes.
- La zone euro enregistre toujours une croissance modérée et l’Allemagne, moteur économique de la zone, risque de connaître une troisième année consécutive sans croissance notable. Des paquets de milliards pour des investissements urgents en matière d’armement et d’infrastructures devraient soutenir les économies de la zone euro, tout comme les mesures énumérées dans le « rapport Draghi » pour augmenter la compétitivité de l’Europe. Selon l’institut ifo, la politique commerciale américaine pourrait entraîner une baisse des exportations de 15 %. Il pourrait en résulter une baisse du PIB atteignant jusqu’à un point de pourcentage.
- Les droits de douane menacent la mondialisation, le commerce extérieur, la croissance mondiale et entraînent une poussée inflationniste au moins transitoire.
- L’économie suisse a connu une croissance solide de 2 % au quatrième trimestre, soutenue principalement par le secteur des services et quelques branches industrielles. Toutefois, en raison de l’accentuation des difficultés, l’association professionnelle Swissmem demande une nouvelle prolongation de l’indemnisation en cas de chômage partiel.
- De manière générale, l’accroissement anticipé des flux de marchandises vers les États-Unis en prévision de l’introduction des droits de douane pourrait avoir entraîné une augmentation des stocks et amélioré le premier trimestre. Néanmoins, un ralentissement conjoncturel est déjà attendu pour le début de l’année et au deuxième trimestre, le déstockage sera à l’origine d’une nouvelle décélération.
- La Chine fait preuve de fermeté face à la politique commerciale restrictive des États-Unis.
États-Unis : estimations de la croissance du PIB en 2024 vs. 2025
Source : Bloomberg Finance L.P.
Allemagne : estimations de la croissance du PIB en 2024 vs. 2025
Source : Bloomberg Finance L.P.
L’inflation continue à baisser, la tendance pourrait s’inverser
- L’inflation est en baisse dans la plupart des pays. Les coûts de l’énergie, très volatils, y contribuent négativement. La plupart des autres composantes enregistrent des pressions à la hausse.
- En Suisse, il existe une pression supplémentaire sur l’évolution des prix en raison de la force du franc. Néanmoins, les analystes estiment que la BNS ne procédera pas à de nouvelles baisses de taux, mais agira par le biais de transactions de change. Nous nous attendons à ce que le taux directeur soit abaissé à 0 % d’ici la fin de l’année. Une reprise de l’inflation devrait toutefois devenir un sujet de préoccupation en Suisse.
- L’indice Citi Inflation Surprise est en hausse depuis un certain temps, et pas seulement pour les États-Unis. En outre, d’autres indicateurs avancés, tels que les prévisions d’inflation à un an de l’Université du Michigan, sont en hausse. L’inflation effectivement mesurée réagit généralement avec un décalage de quelques mois.
- Lors de sa conférence de presse du 19 mars, Jerome Powell a justifié la décision de maintien des taux par l’incertitude des effets de la politique commerciale du nouveau gouvernement. Certes, l’économie montre des signes de ralentissement et les marchés boursiers sont sous pression, mais les droits de douane pourraient avoir un effet inflationniste. La Fed s’abstient de baisser ses taux d’intérêt. En revanche, la banque centrale réduit ses rachats d’obligations de 25 milliards à 5 milliards de dollars par mois à partir du 1er avril et réduit ainsi son bilan de manière plus modérée.
- Face à l’affaiblissement de la conjoncture et aux incertitudes commerciales, la BCE est sous pression pour assouplir davantage sa politique monétaire. Une baisse du taux de dépôt à 1,75 % est attendue d’ici la fin de l’année. Toutefois, l’incertitude des prévisions reste extrêmement élevée, car les droits de douane auront un impact à la fois sur la croissance économique et sur l’inflation. Les dernières prévisions de croissance et d’inflation retenues ne reflètent pas encore les éventuels effets de ces droits de douane punitifs.
- Les rendements des obligations d’État allemandes ont nettement augmenté après que le nouveau gouvernement de coalition, soutenu par les Verts, a approuvé des investissements dans l’armement et les infrastructures à hauteur respectivement de 800 et 500 milliards d’euros. Le frein à l’endettement a été levé pour financer ces paquets. L’augmentation des besoins de financement peut entraîner une hausse durable des rendements.
- Avec une inflation de plus de 3 % au Japon, les hausses de taux d’intérêt de la Banque du Japon semblent inévitables.
- Compte tenu de la récente escalade du conflit commercial avec les États-Unis, la Banque populaire de Chine devrait se concentrer sur le soutien de l’économie intérieure et inclure des réductions de taux d’intérêt et une augmentation des liquidités.
Suisse : Saron 6M, taux directeur BNS, rendements des emprunts d’État 10 ans (5 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
États-Unis : Inflation, Inflation Surprise et anticipation (10 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
Obligations : la nervosité persiste
- Actuellement, les rendements des emprunts d’État à 10 ans se situent à 4,3 % aux États-Unis, à 2,5 % en Allemagne et à 0,4 % en Suisse. Les mesures erratiques de l’administration Trump ont érodé la confiance dans les bons du Trésor américain. C’est pourquoi, outre la reprise de l’inflation due aux droits de douane, la crainte d’un rééquilibrage des réserves de change de la Chine et du Japon influence négativement les titres américains.
- Comme les emprunts d’État américains constituent en fin de compte le point d’ancrage du système financier mondial à effet de levier, ce jeu avec le feu est extrêmement risqué. Nous partons du principe que dans un cas extrême (hausse rapide des rendements), la FED devrait intervenir en tant que « lender of last resort » et se porter acquéreur de ces titres en lançant un nouveau QE afin de garantir la stabilité du système financier.
- En Europe, la situation est différente : les rendements ont à nouveau légèrement baissé malgré l’annonce de nouveaux programmes budgétaires financés par la dette (armement, infrastructures).
- Les spreads sur les obligations à haut rendement et les obligations d’entreprises, ainsi que sur celles de pays émergents, s’élargissent et indiquent des risques accrus.
Taux d’intérêt des obligations d’État à 10 ans (5 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
Actions : « Liberation Day », un changement d’époque ?
- L’exceptionnalisme américain ne s’effrite pas seulement, il est désormais sérieusement remis en question. Le « Liberation Day » représente un tournant décisif dans l’ordre commercial fondé sur des règles, qui a durablement entamé la confiance dans les États-Unis. Les observateurs parlent d’un changement d’époque comparable à celui de 1989/1990, qui pourrait conduire à la dissolution de l’OMC.
- Les indices boursiers américains font partie des plus grands perdants de l’année en cours. Les probabilités de récession ont augmenté et les prévisions de croissance macroéconomique ont été revues à la baisse – et même de manière substantielle dans le cas des États-Unis. La question reste de savoir dans quelle mesure les perspectives de bénéfices, notamment pour les titres de croissance, en tiennent déjà compte.
- En revanche, la surperformance des marchés d’actions européens est frappante. Alors qu’ils étaient encore dédaignés l’automne dernier, ils ont désormais la cote. Mais ce sont surtout les investisseurs anglo-saxons qui se diversifient. En raison des évaluations avantageuses et des caractéristiques défensives, ils voient un potentiel pour les marchés d’actions européens.
- Dans l’ensemble, nous restons modérément positifs quant à l’évolution future des marchés des actions. Les rotations des secteurs de croissance vers des secteurs plus défensifs pourraient se poursuivre, tout comme le déplacement des capitaux d’investissement des États-Unis vers l’Europe. Les marchés restent par ailleurs fortement influencés par la politique.
Marchés des actions : performance depuis le 1.1.2025, indexée, en monnaie locale
Source : Bloomberg Finance L.P.
Devises : une dévaluation délibérée du dollar US en préparation ?
- Les déclarations de l’économiste en chef de l’administration Trump (Stephen Miran), selon lesquelles le dollar américain est surévalué, qu’il désavantage les exportateurs américains et qu’il nuit ainsi à l’économie américaine, ont récemment eu un effet très négatifs sur le billet vert. Des propositions ont également été rendues publiques, selon lesquelles les détenteurs de titres libellés en dollars américains (par exemple les banques centrales étrangères) devraient être taxés, car leur demande constante augmente constamment la valeur du dollar. Or ce sont justement ces investisseurs étrangers qui permettent aux États-Unis de vivre « à crédit ».
- Toutes ces réflexions ont rappelé aux marchés l’accord du Plaza de 1985 et ils se demandent si quelque chose de similaire serait réalisable aujourd’hui (accord de Mar-a-Lago).
- Il est toutefois difficile d’imaginer que les États-Unis voudraient renoncer au privilège de la monnaie commerciale mondiale.
- Le taux de change EUR/CHF a nettement perdu du terrain et se situe à 0,94, principalement en raison de la faiblesse de l’USD. La force renouvelée du CHF accentue les sources d’inquiétude de la BNS, néanmoins nous ne prévoyons des taux d’intérêt négatifs qu’en cas d’extrême urgence.
Euro et dollar contre franc, 1 an
Source : Bloomberg Finance L.P.
L’or, un point d’ancrage parfait dans le système financier ?
- Le prix de l’once d’or a atteint de nouveaux records au-dessus de la barre des 3’500 USD l’once. En CHF, cela correspond à un prix au kilo de près de 90’000 francs.
- La fuite hors du dollar américain (obligations d’État américaines, actions américaines) fait que l’or semble de plus en plus fort. La tentative de l’administration Trump d’exercer une pression sur le président de la FED, Powell, rappelle aux observateurs des intentions comparables, au début des années 70. La phase de l’époque a débouché sur des taux d’inflation extrêmement élevés. En outre, de nombreuses banques centrales continuent d’être des acheteurs d’or et cela d’une manière visiblement indépendante du prix.
- Dans l’ensemble, nous voyons un environnement parfait pour l’or : la perte de confiance dans le dollar américain est nuisible aux monnaies fiduciaires, l’inflation semble repartir à la hausse (surtout aux États-Unis) et l’incertitude mondiale (commerce, géopolitique) continue de croître. Tous ces éléments rendent le métal précieux, dont la disponibilité est limitée, très attrayant.
- Pour toutes ces raisons, nous estimons que l’évolution du prix de l’or reste très positive. Toutefois, sur le plan tactique, nous attendrions des baisses, car cette classe d’actifs est actuellement surachetée. D’un point de vue stratégique, l’or est un élément indispensable d’un portefeuille bien diversifié.
Or et argent en $ par once (2 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
L’OMC et le FMI revoient leurs prévisions de croissance
- L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a fortement revu à la baisse ses prévisions pour le commerce des marchandises cette année, compte tenu de la menace des droits de douane et de l’incertitude politique. Le commerce devrait reculer de 0,2 % en 2025 et se redresser de 2,5 % en 2026.
- L’escalade du conflit douanier entre la Chine et les États-Unis renchérit les flux commerciaux de 125 % et 145 % respectivement. La Chine menace désormais de restreindre les exportations de terres rares dans le cadre de la guerre commerciale, ce qui nuirait beaucoup au secteur technologique américain et stimule la volonté de négocier dans l’autre camp.
- Le Fonds monétaire international abaisse également ses prévisions de croissance mondiale pour l’année en cours de 3,3 % à 2,8 % et celles pour les États-Unis de 2,7 % à 1,8 %, en tenant compte de la menace des droits de douane.
- L’institution souligne que les perspectives s’assombriront encore si la guerre commerciale s’étend. Les droits de douane pourraient déclencher un choc de l’offre et accélérer la hausse des prix.
- De même, de nombreuses banques de Wall Street ont abaissé leurs perspectives et augmenté les probabilités de récession en raison de l’incertitude politique croissante – le FMI est même passé de 25 % à 40 % pour l’États-Unis.
États-Unis : courbe des taux 2–10 ans vs. récession et S&P 500 (depuis 1976)
Source : Bloomberg Finance L.P., les fluctuations massives de 2020/21 sont masquées
La politique commerciale américaine assombrit les prévisions
- Les économies mondiales n’ont déjà enregistré qu’une croissance modérée au quatrième trimestre 2024, qui devrait avoir encore ralenti au cours des premiers mois, une tendance qui pourrait encore se renforcer en raison de la mise en place de barrières commerciales.
- Les droits de douane punitifs « réciproques » annoncés le 2 avril par Donald Trump et introduits le 9 avril ont déjà été suspendus le soir même pour la plupart des pays pendant 90 jours. Cela ne permet ni d’instaurer la confiance ni de fonder des prévisions économiques fiables. Les droits de douane contre la Chine restent maintenus à 145 %.
- Le Smoot-Hawley Tariff Act de 1930, qui avait également un arrière-plan protectionniste, est considéré comme coresponsable de l’aggravation de la crise économique mondiale de cette période. Or les droits de douane annoncés par le président Trump dépassent ceux de 1930. Comme à cette époque, de nombreux économistes s’opposent aujourd’hui aux mesures de l’administration Trump, jugées néfastes.
- La zone euro enregistre toujours une croissance modérée et l’Allemagne, moteur économique de la zone, risque de connaître une troisième année consécutive sans croissance notable. Des paquets de milliards pour des investissements urgents en matière d’armement et d’infrastructures devraient soutenir les économies de la zone euro, tout comme les mesures énumérées dans le « rapport Draghi » pour augmenter la compétitivité de l’Europe. Selon l’institut ifo, la politique commerciale américaine pourrait entraîner une baisse des exportations de 15 %. Il pourrait en résulter une baisse du PIB atteignant jusqu’à un point de pourcentage.
- Les droits de douane menacent la mondialisation, le commerce extérieur, la croissance mondiale et entraînent une poussée inflationniste au moins transitoire.
- L’économie suisse a connu une croissance solide de 2 % au quatrième trimestre, soutenue principalement par le secteur des services et quelques branches industrielles. Toutefois, en raison de l’accentuation des difficultés, l’association professionnelle Swissmem demande une nouvelle prolongation de l’indemnisation en cas de chômage partiel.
- De manière générale, l’accroissement anticipé des flux de marchandises vers les États-Unis en prévision de l’introduction des droits de douane pourrait avoir entraîné une augmentation des stocks et amélioré le premier trimestre. Néanmoins, un ralentissement conjoncturel est déjà attendu pour le début de l’année et au deuxième trimestre, le déstockage sera à l’origine d’une nouvelle décélération.
- La Chine fait preuve de fermeté face à la politique commerciale restrictive des États-Unis.
États-Unis : estimations de la croissance du PIB en 2024 vs. 2025
Source : Bloomberg Finance L.P.
Allemagne : estimations de la croissance du PIB en 2024 vs. 2025
Source : Bloomberg Finance L.P.
L’inflation continue à baisser, la tendance pourrait s’inverser
- L’inflation est en baisse dans la plupart des pays. Les coûts de l’énergie, très volatils, y contribuent négativement. La plupart des autres composantes enregistrent des pressions à la hausse.
- En Suisse, il existe une pression supplémentaire sur l’évolution des prix en raison de la force du franc. Néanmoins, les analystes estiment que la BNS ne procédera pas à de nouvelles baisses de taux, mais agira par le biais de transactions de change. Nous nous attendons à ce que le taux directeur soit abaissé à 0 % d’ici la fin de l’année. Une reprise de l’inflation devrait toutefois devenir un sujet de préoccupation en Suisse.
- L’indice Citi Inflation Surprise est en hausse depuis un certain temps, et pas seulement pour les États-Unis. En outre, d’autres indicateurs avancés, tels que les prévisions d’inflation à un an de l’Université du Michigan, sont en hausse. L’inflation effectivement mesurée réagit généralement avec un décalage de quelques mois.
- Lors de sa conférence de presse du 19 mars, Jerome Powell a justifié la décision de maintien des taux par l’incertitude des effets de la politique commerciale du nouveau gouvernement. Certes, l’économie montre des signes de ralentissement et les marchés boursiers sont sous pression, mais les droits de douane pourraient avoir un effet inflationniste. La Fed s’abstient de baisser ses taux d’intérêt. En revanche, la banque centrale réduit ses rachats d’obligations de 25 milliards à 5 milliards de dollars par mois à partir du 1er avril et réduit ainsi son bilan de manière plus modérée.
- Face à l’affaiblissement de la conjoncture et aux incertitudes commerciales, la BCE est sous pression pour assouplir davantage sa politique monétaire. Une baisse du taux de dépôt à 1,75 % est attendue d’ici la fin de l’année. Toutefois, l’incertitude des prévisions reste extrêmement élevée, car les droits de douane auront un impact à la fois sur la croissance économique et sur l’inflation. Les dernières prévisions de croissance et d’inflation retenues ne reflètent pas encore les éventuels effets de ces droits de douane punitifs.
- Les rendements des obligations d’État allemandes ont nettement augmenté après que le nouveau gouvernement de coalition, soutenu par les Verts, a approuvé des investissements dans l’armement et les infrastructures à hauteur respectivement de 800 et 500 milliards d’euros. Le frein à l’endettement a été levé pour financer ces paquets. L’augmentation des besoins de financement peut entraîner une hausse durable des rendements.
- Avec une inflation de plus de 3 % au Japon, les hausses de taux d’intérêt de la Banque du Japon semblent inévitables.
- Compte tenu de la récente escalade du conflit commercial avec les États-Unis, la Banque populaire de Chine devrait se concentrer sur le soutien de l’économie intérieure et inclure des réductions de taux d’intérêt et une augmentation des liquidités.
Suisse : Saron 6M, taux directeur BNS, rendements des emprunts d’État 10 ans (5 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
États-Unis : Inflation, Inflation Surprise et anticipation (10 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
Obligations : la nervosité persiste
- Actuellement, les rendements des emprunts d’État à 10 ans se situent à 4,3 % aux États-Unis, à 2,5 % en Allemagne et à 0,4 % en Suisse. Les mesures erratiques de l’administration Trump ont érodé la confiance dans les bons du Trésor américain. C’est pourquoi, outre la reprise de l’inflation due aux droits de douane, la crainte d’un rééquilibrage des réserves de change de la Chine et du Japon influence négativement les titres américains.
- Comme les emprunts d’État américains constituent en fin de compte le point d’ancrage du système financier mondial à effet de levier, ce jeu avec le feu est extrêmement risqué. Nous partons du principe que dans un cas extrême (hausse rapide des rendements), la FED devrait intervenir en tant que « lender of last resort » et se porter acquéreur de ces titres en lançant un nouveau QE afin de garantir la stabilité du système financier.
- En Europe, la situation est différente : les rendements ont à nouveau légèrement baissé malgré l’annonce de nouveaux programmes budgétaires financés par la dette (armement, infrastructures).
- Les spreads sur les obligations à haut rendement et les obligations d’entreprises, ainsi que sur celles de pays émergents, s’élargissent et indiquent des risques accrus.
Taux d’intérêt des obligations d’État à 10 ans (5 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
Actions : « Liberation Day », un changement d’époque ?
- L’exceptionnalisme américain ne s’effrite pas seulement, il est désormais sérieusement remis en question. Le « Liberation Day » représente un tournant décisif dans l’ordre commercial fondé sur des règles, qui a durablement entamé la confiance dans les États-Unis. Les observateurs parlent d’un changement d’époque comparable à celui de 1989/1990, qui pourrait conduire à la dissolution de l’OMC.
- Les indices boursiers américains font partie des plus grands perdants de l’année en cours. Les probabilités de récession ont augmenté et les prévisions de croissance macroéconomique ont été revues à la baisse – et même de manière substantielle dans le cas des États-Unis. La question reste de savoir dans quelle mesure les perspectives de bénéfices, notamment pour les titres de croissance, en tiennent déjà compte.
- En revanche, la surperformance des marchés d’actions européens est frappante. Alors qu’ils étaient encore dédaignés l’automne dernier, ils ont désormais la cote. Mais ce sont surtout les investisseurs anglo-saxons qui se diversifient. En raison des évaluations avantageuses et des caractéristiques défensives, ils voient un potentiel pour les marchés d’actions européens.
- Dans l’ensemble, nous restons modérément positifs quant à l’évolution future des marchés des actions. Les rotations des secteurs de croissance vers des secteurs plus défensifs pourraient se poursuivre, tout comme le déplacement des capitaux d’investissement des États-Unis vers l’Europe. Les marchés restent par ailleurs fortement influencés par la politique.
Marchés des actions : performance depuis le 1.1.2025, indexée, en monnaie locale
Source : Bloomberg Finance L.P.
Devises : une dévaluation délibérée du dollar US en préparation ?
- Les déclarations de l’économiste en chef de l’administration Trump (Stephen Miran), selon lesquelles le dollar américain est surévalué, qu’il désavantage les exportateurs américains et qu’il nuit ainsi à l’économie américaine, ont récemment eu un effet très négatifs sur le billet vert. Des propositions ont également été rendues publiques, selon lesquelles les détenteurs de titres libellés en dollars américains (par exemple les banques centrales étrangères) devraient être taxés, car leur demande constante augmente constamment la valeur du dollar. Or ce sont justement ces investisseurs étrangers qui permettent aux États-Unis de vivre « à crédit ».
- Toutes ces réflexions ont rappelé aux marchés l’accord du Plaza de 1985 et ils se demandent si quelque chose de similaire serait réalisable aujourd’hui (accord de Mar-a-Lago).
- Il est toutefois difficile d’imaginer que les États-Unis voudraient renoncer au privilège de la monnaie commerciale mondiale.
- Le taux de change EUR/CHF a nettement perdu du terrain et se situe à 0,94, principalement en raison de la faiblesse de l’USD. La force renouvelée du CHF accentue les sources d’inquiétude de la BNS, néanmoins nous ne prévoyons des taux d’intérêt négatifs qu’en cas d’extrême urgence.
Euro et dollar contre franc, 1 an
Source : Bloomberg Finance L.P.
L’or, un point d’ancrage parfait dans le système financier ?
- Le prix de l’once d’or a atteint de nouveaux records au-dessus de la barre des 3’500 USD l’once. En CHF, cela correspond à un prix au kilo de près de 90’000 francs.
- La fuite hors du dollar américain (obligations d’État américaines, actions américaines) fait que l’or semble de plus en plus fort. La tentative de l’administration Trump d’exercer une pression sur le président de la FED, Powell, rappelle aux observateurs des intentions comparables, au début des années 70. La phase de l’époque a débouché sur des taux d’inflation extrêmement élevés. En outre, de nombreuses banques centrales continuent d’être des acheteurs d’or et cela d’une manière visiblement indépendante du prix.
- Dans l’ensemble, nous voyons un environnement parfait pour l’or : la perte de confiance dans le dollar américain est nuisible aux monnaies fiduciaires, l’inflation semble repartir à la hausse (surtout aux États-Unis) et l’incertitude mondiale (commerce, géopolitique) continue de croître. Tous ces éléments rendent le métal précieux, dont la disponibilité est limitée, très attrayant.
- Pour toutes ces raisons, nous estimons que l’évolution du prix de l’or reste très positive. Toutefois, sur le plan tactique, nous attendrions des baisses, car cette classe d’actifs est actuellement surachetée. D’un point de vue stratégique, l’or est un élément indispensable d’un portefeuille bien diversifié.
Or et argent en $ par once (2 ans)
Source : Bloomberg Finance L.P.
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