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Flash Placements Septembre 2025

L'industrie suisse souffre des droits de douane américains, tandis que la zone euro connaît une légère croissance, mais l'Allemagne faiblit. Les barrières commerciales pèsent sur les perspectives mondiales, tandis que l'inflation augmente aux États-Unis.

28.08.2025

Executive Summary

 

  • Au deuxième trimestre, l’industrie suisse souffre de la politique douanière des États-Unis, sans même tenir compte 
    des nouveaux droits de douane de 39 %.
     
  • La zone euro a enregistré une légère croissance au cours du trimestre écoulé. La demande intérieure envoie des signaux encourageants, mais l’Allemagne reste le parent pauvre avec une croissance négative.
     
  • Les perspectives de croissance mondiale souffrent malheureusement des barrières commerciales et, aux États-Unis, les droits de douane entraînent une nouvelle hausse des prix (inflation).
     
  • Trump et Bessent exigent de la Réserve fédérale américaine des baisses substantielles des taux d’intérêt, ce qui ne semble pas justifié pour l’instant au vu des données économiques.
     

Hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale

  • Depuis environ un an et demi, les rendements à 10 ans des ­obligations d’État suisses sont les plus bas parmi les principales banques centrales et sont synonymes de faible inflation, de franc fort, de faible endettement et de grande stabilité. 
  • Depuis l’abandon de la politique de taux zéro par la Banque du Japon et l’assouplissement – mais pas l’abandon complet – du contrôle de la courbe des taux, c’est-à-dire l’influence directe sur les obligations à long terme, la prime de risque des obligations japonaises par rapport aux titres suisses augmente de manière significative. L’endettement élevé du Japon et les taux d’intérêt réels fortement négatifs sont en contradiction avec la réalité. La demande décevante des dernières émissions est un signe clair que le marché exige des rendements plus élevés.
  • Aux États-Unis également, la hausse de la prime de risque reflète le niveau élevé et toujours croissant de la dette publique, l’incertitude politique et la persistance d’une inflation élevée.
  • Malgré une inflation et une dette plus élevées, la prime pour l’Allemagne est restée longtemps nulle et a désormais atteint environ 2,5 %, son plus haut niveau depuis au moins 30 ans. 
  • Il convient de noter la convergence des primes de risque de la Grèce et de l’Italie avec celles de la France. Les anciens « boucs émissaires » ont maîtrisé leurs finances publiques, tandis que la France a considérablement accru sa dette et que le projet de budget du Premier ministre français Bayrou a peu de chances d’être adopté à la majorité.
  • La hausse des écarts est-elle le premier signe de problèmes imminents qui conduiront à des interventions étatiques massives ?

Écarts de taux d’intérêt de certains pays par rapport aux obligations fédérales à 10 ans (5 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Constat de ralentissement, mais signaux mitigés

  • Au deuxième trimestre, l’industrie suisse souffre déjà de la politique douanière du gouvernement américain. Les équipementiers automobiles sont particulièrement touchés. La production recule de 10 % par rapport à l’année précédente. Le ralentissement de l’industrie automobile européenne, notamment allemande, continue de se faire sentir. Tous secteurs confondus, on enregistre une baisse de 0,1 %. L’augmentation à 39 % des droits de douane sur les exportations suisses vers les États-Unis n’est pas encore prise en compte dans ces chiffres et ne se répercutera sur le volume des échanges qu’au second semestre.
  • La zone euro a enregistré une croissance de 0,1 % au deuxième trimestre, la France et l’Espagne ayant contribué plus fortement que prévu à cette croissance. L’Allemagne et l’Italie ont connu une légère contraction. La reprise de la demande intérieure est un signe encourageant et compense la légère baisse des exportations.
  • L’accord commercial conclu entre les États-Unis et l’UE, qui prévoit des droits de douane de 15 %, facilite beaucoup la planifi­cation. La sécurité accrue en matière de politique économique et les mesures budgétaires prises par les États ont également un effet positif. Néanmoins, la charge supplémentaire pesant sur les exportations vers les États-Unis entraînera un ralentissement de la croissance au second semestre.
  • Aux États-Unis aussi, les données économiques s’assombrissent. La hausse des prix à la production de base pour le mois de juillet, de 3,7 %, clairement due aux droits de douane, se répercutera avec un certain décalage sur les prix à la consommation. Cette évolution ne tient pas encore compte des droits de douane plus élevés qui entreront en vigueur le 1er août. Une nouvelle hausse des prix devrait donc avoir lieu dans les mois à venir. Les directeurs d’achat s’attendent également à une poussée des prix. Ce composant passe de 67,5 à 69,9 points.
  • Alors que la croissance du PIB pour le deuxième trimestre, l’enquête du Conference Board sur le moral des consommateurs en juillet et les résultats de l’enquête de S&P Global auprès des directeurs d’achat dans le secteur des services sont encourageants, les données recueillies par l’ISM et l’activité commerciale s’assombrissent. La surchauffe du marché du travail continue à se calmer, ce qui est actuellement perçu comme positif, mais pourrait bientôt s’inverser et faire naître des craintes de récession. 
  • Pour le calcul des droits de douane américains, c’est soit le pays d’origine, soit le lieu où des modifications substantielles ont été apportées qui est pris en compte.

Suisse : production industrielle vs. indices des directeurs d’achat (depuis 2010)

Source : Bloomberg Finance L.P.

États-Unis : croissance, taux directeur, climat économique et phases de récession (depuis 1978)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Pression politique forte et accent mis sur les prévisions

  • Donald Trump profite de la démission d’Adriana Kugler, membre plutôt modérée du directoire de la Réserve fédérale américaine, pour nommer à titre temporaire Stephen Miran, un proche allié et auteur du radical « Mar-a-Lago Accord », le concept économique fondamental de l’administration Trump. La confirmation par le Sénat n’est qu’une formalité.
  • La Maison Blanche montre ainsi clairement qu’elle souhaite exercer une plus grande influence sur la politique monétaire de la banque centrale américaine, dans le but d’affaiblir le dollar et de réduire sensiblement les taux d’intérêt. Le ministre des Finances Scott Bessent exige de la Fed des baisses de taux pouvant atteindre 1,75 point de pourcentage. Dans le même temps, il exige de la Banque du Japon une forte hausse des taux d’intérêt, estimant qu’elle est trop hésitante dans sa lutte contre l’inflation. Le gouvernement japonais a officiellement rejeté cette critique, mais le marché s’attend néanmoins à ce que la Banque du Japon relève ses taux directeurs dans les mois à venir.
  • Christopher Waller est considéré comme le favori pour succéder à Jerome Powell à la tête de la Fed. Lors de la dernière réunion, il avait voté en faveur d’une baisse des taux d’intérêt, tout comme Michelle Bowman. Malgré son attitude restrictive en raison d’une possible poussée inflationniste, la Fed devrait procéder à des baisses de taux dans les mois à venir, cédant ainsi à la faiblesse des données économiques et à la pression politique exercée par Donald Trump.
  • D’ici la fin de l’année, nous tablons sur un affaiblissement des données conjoncturelles mondiales lié au commerce et sur des tendances désinflationnistes hors des États-Unis, favorisées par l’appréciation de l’euro et du franc suisse. Les faibles taux d’inflation dans l’UE et en Suisse donnent aux banques centrales une marge de manœuvre pour attendre avant de relever leurs taux. Par ailleurs, la BNS a souligné à plusieurs reprises qu’elle ne souhaitait plus introduire de taux d’intérêt négatifs.
  • Les baisses de taux d’intérêt de la banque centrale chinoise, qui s’élèvent à près d’un pour cent, n’ont ni amorti la crise immobilière ni relancé la consommation intérieure. La demande modérée se traduit par une faible pression sur les prix.
  • La réunion des dirigeants des banques centrales à Jackson Hole, dans le Wyoming, et le discours de Jerome Powell était attendue avec impatience. Les ajustements apportés au cadre de politique monétaire de la FED comprennent la suppression de la limite inférieure effective des taux d’intérêt (« effective lower bound ») comme valeur de référence, l’inflation ne devant plus pouvoir compenser un écart antérieur au-dessous de l’objectif de 2 % et pour le marché du travail, il convient désormais de tenir compte à la fois des écarts à la hausse ainsi que, comme précédemment, des écarts à la baisse. L’objectif d’inflation de 2 % reste inchangé et les décisions doivent être prises après une évaluation équilibrée de l’inflation et de l’emploi.
  • Les marchés ont toutefois été influencés par la déclaration selon laquelle les dernières données économiques pourraient justifier un assouplissement de la politique monétaire en septembre. Les rendements ont baissé, les indices boursiers ont nettement progressé et le dollar s’est déprécié.

États-Unis : données sur l’inflation et indicateurs avancés (10 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Taux directeur de la BNS, Saron 6 mois et rendement des obligations d’État à 10 ans (5 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Obligations : les rendements réagissent à l’inflation

  • Actuellement, les rendements des obligations d’État à 10 ans s’élèvent à 4,3 % aux États-Unis, à 2,7 % en Allemagne et à 0,3 % en Suisse. Au Japon, ces taux ont dépassé 1,6 % pour la première fois depuis 2008.
  • Malgré les prévisions de détérioration de la dette publique en raison des pertes fiscales causées par le paquet fiscal et budgétaire récemment adopté et du ralentissement de la croissance mondiale, la pression sur les marchés obligataires reste modérée. Normalement, les investisseurs exigeraient des rendements plus élevés en cas d’incertitudes telles que celles-ci.
  • Mais un autre scénario pourrait bien jouer un rôle prépondérant dans cette situation. De nombreux analystes, notamment en raison des « Mar-a-Lago Papers », partent du principe que les banques centrales, sous l’impulsion de la Fed, pourraient adopter une politique coordonnée de contrôle des courbes de taux à l’échelle mondiale. Cela pourrait expliquer, du moins aux États-Unis, la stabilité des rendements à long terme, qui devraient être plus élevés compte tenu de la hausse de l’inflation.
  • Les « spreads » sur les obligations à haut rendement, les obli­gations d’entreprises et les obligations des marchés émergents ont continué à se resserrer et ne compensent guère le risque supplémentaire.

Taux d’intérêt des obligations d’État à 10 ans (5 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Actions : proches de leurs plus hauts niveaux historiques

  • Les marchés boursiers américains ont continué à progresser ces dernières semaines. Le Nasdaq et le S&P 500 affichent une hausse de plus de 10 %, tandis que le Dow Jones est légèrement à la traîne. Le Russell 2000 est également passé en territoire positif. Toutefois, tout cela est calculé en dollars américains. La récente hausse a été soutenue par les résultats positifs des entreprises au deuxième trimestre. Avec une croissance de leurs bénéfices de près de 12 %, les entreprises américaines ont dépassé les attentes des analystes. 
  • En Europe, les marchés restent favorables, avec une tendance latérale. Les bourses d’Europe du Sud ont enregistré les plus fortes hausses, avec une progression d’environ 30 %. Elles sont suivies par le DAX avec 22 %, puis l’EuroStoxx et le FTSE 100 avec 12 % chacun. Le SMI est légèrement à la traîne avec 8 %.
  • Pour l’instant, les marchés boursiers semblent ignorer complètement la question des droits de douane, ou plutôt le démantèlement de la mondialisation. Cependant, il nous semble que ce n’est qu’une question de temps avant que les droits de douane imminents et leur effet inflationniste, ainsi que la prudence des entreprises et des consommateurs en matière d’investissements, ne laissent des traces dans les bilans et les comptes de résultats. 
  • En outre, nous observons une très faible ampleur du marché, en particulier sur les marchés américains, et des exagérations parfois grotesques lors des introductions en bourse.

Marchés des actions : performance depuis le 1.1.2025, indexée, en monnaie locale

Source : Bloomberg Finance L.P.

Devises : la chute du dollar s’interrompt

  • Le dollar américain a perdu environ 12 % par rapport au franc suisse au cours de l’année et oscille désormais autour de 0,80. De tels niveaux ont été enregistrés pour la dernière fois pendant la crise de l’euro en 2011 et après la suppression du taux plancher par la BNS en janvier 2015. Cela souligne le statut de valeur refuge du franc suisse et illustre clairement l’ampleur de la perte de confiance dans le dollar. Les principaux facteurs sont la politique commerciale agressive des États-Unis et les attaques verbales contre l’indépendance de la Réserve fédérale américaine, qui renforcent encore l’incertitude. Si une reprise technique est envisageable à court terme, la faiblesse du dollar devrait toutefois persister à moyen terme.
  • La paire EUR/CHF stagne depuis des mois dans une fourchette étroite autour de 0,94. Cette stabilité est soutenue par un équilibre entre l’incertitude politique en Europe et la politique monétaire prudente de la BNS.

Euro et dollar contre franc (12 mois)

Source : Bloomberg Finance L.P.

L’or : la consolidation se poursuit

  • Depuis trois mois, le cours de l’or se trouve dans une phase de consolidation entre 3’300 et 3’400 dollars américains. Le franchissement de ces résistances techniques importantes ouvrirait un nouveau potentiel de hausse.
  • Les investisseurs voient dans les métaux précieux une protection contre d’éventuelles mesures telles que le contrôle de la courbe des taux ou la répression financière, c’est-à-dire des taux d’intérêt réels négatifs imposés par les pouvoirs publics. De telles mesures pourraient réduire le poids de la dette, car les États pourraient rembourser plus rapidement leurs engagements dans un contexte de taux d’intérêt bas et d’inflation plus élevée. Ces mesures sont controversées car, si elles soulagent les finances publiques à court terme, elles affaiblissent également la confiance dans les marchés financiers et sapent l’incitation à épargner et à investir. Les investisseurs seraient en effet partiellement expropriés, leurs économies perdant de leur valeur réelle. 
  • Les risques vont de la fuite des capitaux et de la dévaluation monétaire à l’augmentation des coûts de financement pour les entreprises, en passant par l’instabilité du système financier. 
  • Cela explique également la demande persistante depuis des années des banques centrales, notamment celles des pays BRICS+, qui se détournent du dollar américain et se diversifient dans l’or.

Indices des matières premières (12 mois)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Hausse des taux d’intérêt à l’échelle mondiale

  • Depuis environ un an et demi, les rendements à 10 ans des ­obligations d’État suisses sont les plus bas parmi les principales banques centrales et sont synonymes de faible inflation, de franc fort, de faible endettement et de grande stabilité. 
  • Depuis l’abandon de la politique de taux zéro par la Banque du Japon et l’assouplissement – mais pas l’abandon complet – du contrôle de la courbe des taux, c’est-à-dire l’influence directe sur les obligations à long terme, la prime de risque des obligations japonaises par rapport aux titres suisses augmente de manière significative. L’endettement élevé du Japon et les taux d’intérêt réels fortement négatifs sont en contradiction avec la réalité. La demande décevante des dernières émissions est un signe clair que le marché exige des rendements plus élevés.
  • Aux États-Unis également, la hausse de la prime de risque reflète le niveau élevé et toujours croissant de la dette publique, l’incertitude politique et la persistance d’une inflation élevée.
  • Malgré une inflation et une dette plus élevées, la prime pour l’Allemagne est restée longtemps nulle et a désormais atteint environ 2,5 %, son plus haut niveau depuis au moins 30 ans. 
  • Il convient de noter la convergence des primes de risque de la Grèce et de l’Italie avec celles de la France. Les anciens « boucs émissaires » ont maîtrisé leurs finances publiques, tandis que la France a considérablement accru sa dette et que le projet de budget du Premier ministre français Bayrou a peu de chances d’être adopté à la majorité.
  • La hausse des écarts est-elle le premier signe de problèmes imminents qui conduiront à des interventions étatiques massives ?

Écarts de taux d’intérêt de certains pays par rapport aux obligations fédérales à 10 ans (5 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Constat de ralentissement, mais signaux mitigés

  • Au deuxième trimestre, l’industrie suisse souffre déjà de la politique douanière du gouvernement américain. Les équipementiers automobiles sont particulièrement touchés. La production recule de 10 % par rapport à l’année précédente. Le ralentissement de l’industrie automobile européenne, notamment allemande, continue de se faire sentir. Tous secteurs confondus, on enregistre une baisse de 0,1 %. L’augmentation à 39 % des droits de douane sur les exportations suisses vers les États-Unis n’est pas encore prise en compte dans ces chiffres et ne se répercutera sur le volume des échanges qu’au second semestre.
  • La zone euro a enregistré une croissance de 0,1 % au deuxième trimestre, la France et l’Espagne ayant contribué plus fortement que prévu à cette croissance. L’Allemagne et l’Italie ont connu une légère contraction. La reprise de la demande intérieure est un signe encourageant et compense la légère baisse des exportations.
  • L’accord commercial conclu entre les États-Unis et l’UE, qui prévoit des droits de douane de 15 %, facilite beaucoup la planifi­cation. La sécurité accrue en matière de politique économique et les mesures budgétaires prises par les États ont également un effet positif. Néanmoins, la charge supplémentaire pesant sur les exportations vers les États-Unis entraînera un ralentissement de la croissance au second semestre.
  • Aux États-Unis aussi, les données économiques s’assombrissent. La hausse des prix à la production de base pour le mois de juillet, de 3,7 %, clairement due aux droits de douane, se répercutera avec un certain décalage sur les prix à la consommation. Cette évolution ne tient pas encore compte des droits de douane plus élevés qui entreront en vigueur le 1er août. Une nouvelle hausse des prix devrait donc avoir lieu dans les mois à venir. Les directeurs d’achat s’attendent également à une poussée des prix. Ce composant passe de 67,5 à 69,9 points.
  • Alors que la croissance du PIB pour le deuxième trimestre, l’enquête du Conference Board sur le moral des consommateurs en juillet et les résultats de l’enquête de S&P Global auprès des directeurs d’achat dans le secteur des services sont encourageants, les données recueillies par l’ISM et l’activité commerciale s’assombrissent. La surchauffe du marché du travail continue à se calmer, ce qui est actuellement perçu comme positif, mais pourrait bientôt s’inverser et faire naître des craintes de récession. 
  • Pour le calcul des droits de douane américains, c’est soit le pays d’origine, soit le lieu où des modifications substantielles ont été apportées qui est pris en compte.

Suisse : production industrielle vs. indices des directeurs d’achat (depuis 2010)

Source : Bloomberg Finance L.P.

États-Unis : croissance, taux directeur, climat économique et phases de récession (depuis 1978)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Pression politique forte et accent mis sur les prévisions

  • Donald Trump profite de la démission d’Adriana Kugler, membre plutôt modérée du directoire de la Réserve fédérale américaine, pour nommer à titre temporaire Stephen Miran, un proche allié et auteur du radical « Mar-a-Lago Accord », le concept économique fondamental de l’administration Trump. La confirmation par le Sénat n’est qu’une formalité.
  • La Maison Blanche montre ainsi clairement qu’elle souhaite exercer une plus grande influence sur la politique monétaire de la banque centrale américaine, dans le but d’affaiblir le dollar et de réduire sensiblement les taux d’intérêt. Le ministre des Finances Scott Bessent exige de la Fed des baisses de taux pouvant atteindre 1,75 point de pourcentage. Dans le même temps, il exige de la Banque du Japon une forte hausse des taux d’intérêt, estimant qu’elle est trop hésitante dans sa lutte contre l’inflation. Le gouvernement japonais a officiellement rejeté cette critique, mais le marché s’attend néanmoins à ce que la Banque du Japon relève ses taux directeurs dans les mois à venir.
  • Christopher Waller est considéré comme le favori pour succéder à Jerome Powell à la tête de la Fed. Lors de la dernière réunion, il avait voté en faveur d’une baisse des taux d’intérêt, tout comme Michelle Bowman. Malgré son attitude restrictive en raison d’une possible poussée inflationniste, la Fed devrait procéder à des baisses de taux dans les mois à venir, cédant ainsi à la faiblesse des données économiques et à la pression politique exercée par Donald Trump.
  • D’ici la fin de l’année, nous tablons sur un affaiblissement des données conjoncturelles mondiales lié au commerce et sur des tendances désinflationnistes hors des États-Unis, favorisées par l’appréciation de l’euro et du franc suisse. Les faibles taux d’inflation dans l’UE et en Suisse donnent aux banques centrales une marge de manœuvre pour attendre avant de relever leurs taux. Par ailleurs, la BNS a souligné à plusieurs reprises qu’elle ne souhaitait plus introduire de taux d’intérêt négatifs.
  • Les baisses de taux d’intérêt de la banque centrale chinoise, qui s’élèvent à près d’un pour cent, n’ont ni amorti la crise immobilière ni relancé la consommation intérieure. La demande modérée se traduit par une faible pression sur les prix.
  • La réunion des dirigeants des banques centrales à Jackson Hole, dans le Wyoming, et le discours de Jerome Powell était attendue avec impatience. Les ajustements apportés au cadre de politique monétaire de la FED comprennent la suppression de la limite inférieure effective des taux d’intérêt (« effective lower bound ») comme valeur de référence, l’inflation ne devant plus pouvoir compenser un écart antérieur au-dessous de l’objectif de 2 % et pour le marché du travail, il convient désormais de tenir compte à la fois des écarts à la hausse ainsi que, comme précédemment, des écarts à la baisse. L’objectif d’inflation de 2 % reste inchangé et les décisions doivent être prises après une évaluation équilibrée de l’inflation et de l’emploi.
  • Les marchés ont toutefois été influencés par la déclaration selon laquelle les dernières données économiques pourraient justifier un assouplissement de la politique monétaire en septembre. Les rendements ont baissé, les indices boursiers ont nettement progressé et le dollar s’est déprécié.

États-Unis : données sur l’inflation et indicateurs avancés (10 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Taux directeur de la BNS, Saron 6 mois et rendement des obligations d’État à 10 ans (5 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Obligations : les rendements réagissent à l’inflation

  • Actuellement, les rendements des obligations d’État à 10 ans s’élèvent à 4,3 % aux États-Unis, à 2,7 % en Allemagne et à 0,3 % en Suisse. Au Japon, ces taux ont dépassé 1,6 % pour la première fois depuis 2008.
  • Malgré les prévisions de détérioration de la dette publique en raison des pertes fiscales causées par le paquet fiscal et budgétaire récemment adopté et du ralentissement de la croissance mondiale, la pression sur les marchés obligataires reste modérée. Normalement, les investisseurs exigeraient des rendements plus élevés en cas d’incertitudes telles que celles-ci.
  • Mais un autre scénario pourrait bien jouer un rôle prépondérant dans cette situation. De nombreux analystes, notamment en raison des « Mar-a-Lago Papers », partent du principe que les banques centrales, sous l’impulsion de la Fed, pourraient adopter une politique coordonnée de contrôle des courbes de taux à l’échelle mondiale. Cela pourrait expliquer, du moins aux États-Unis, la stabilité des rendements à long terme, qui devraient être plus élevés compte tenu de la hausse de l’inflation.
  • Les « spreads » sur les obligations à haut rendement, les obli­gations d’entreprises et les obligations des marchés émergents ont continué à se resserrer et ne compensent guère le risque supplémentaire.

Taux d’intérêt des obligations d’État à 10 ans (5 ans)

Source : Bloomberg Finance L.P.

Actions : proches de leurs plus hauts niveaux historiques

  • Les marchés boursiers américains ont continué à progresser ces dernières semaines. Le Nasdaq et le S&P 500 affichent une hausse de plus de 10 %, tandis que le Dow Jones est légèrement à la traîne. Le Russell 2000 est également passé en territoire positif. Toutefois, tout cela est calculé en dollars américains. La récente hausse a été soutenue par les résultats positifs des entreprises au deuxième trimestre. Avec une croissance de leurs bénéfices de près de 12 %, les entreprises américaines ont dépassé les attentes des analystes. 
  • En Europe, les marchés restent favorables, avec une tendance latérale. Les bourses d’Europe du Sud ont enregistré les plus fortes hausses, avec une progression d’environ 30 %. Elles sont suivies par le DAX avec 22 %, puis l’EuroStoxx et le FTSE 100 avec 12 % chacun. Le SMI est légèrement à la traîne avec 8 %.
  • Pour l’instant, les marchés boursiers semblent ignorer complètement la question des droits de douane, ou plutôt le démantèlement de la mondialisation. Cependant, il nous semble que ce n’est qu’une question de temps avant que les droits de douane imminents et leur effet inflationniste, ainsi que la prudence des entreprises et des consommateurs en matière d’investissements, ne laissent des traces dans les bilans et les comptes de résultats. 
  • En outre, nous observons une très faible ampleur du marché, en particulier sur les marchés américains, et des exagérations parfois grotesques lors des introductions en bourse.

Marchés des actions : performance depuis le 1.1.2025, indexée, en monnaie locale

Source : Bloomberg Finance L.P.

Devises : la chute du dollar s’interrompt

  • Le dollar américain a perdu environ 12 % par rapport au franc suisse au cours de l’année et oscille désormais autour de 0,80. De tels niveaux ont été enregistrés pour la dernière fois pendant la crise de l’euro en 2011 et après la suppression du taux plancher par la BNS en janvier 2015. Cela souligne le statut de valeur refuge du franc suisse et illustre clairement l’ampleur de la perte de confiance dans le dollar. Les principaux facteurs sont la politique commerciale agressive des États-Unis et les attaques verbales contre l’indépendance de la Réserve fédérale américaine, qui renforcent encore l’incertitude. Si une reprise technique est envisageable à court terme, la faiblesse du dollar devrait toutefois persister à moyen terme.
  • La paire EUR/CHF stagne depuis des mois dans une fourchette étroite autour de 0,94. Cette stabilité est soutenue par un équilibre entre l’incertitude politique en Europe et la politique monétaire prudente de la BNS.

Euro et dollar contre franc (12 mois)

Source : Bloomberg Finance L.P.

L’or : la consolidation se poursuit

  • Depuis trois mois, le cours de l’or se trouve dans une phase de consolidation entre 3’300 et 3’400 dollars américains. Le franchissement de ces résistances techniques importantes ouvrirait un nouveau potentiel de hausse.
  • Les investisseurs voient dans les métaux précieux une protection contre d’éventuelles mesures telles que le contrôle de la courbe des taux ou la répression financière, c’est-à-dire des taux d’intérêt réels négatifs imposés par les pouvoirs publics. De telles mesures pourraient réduire le poids de la dette, car les États pourraient rembourser plus rapidement leurs engagements dans un contexte de taux d’intérêt bas et d’inflation plus élevée. Ces mesures sont controversées car, si elles soulagent les finances publiques à court terme, elles affaiblissent également la confiance dans les marchés financiers et sapent l’incitation à épargner et à investir. Les investisseurs seraient en effet partiellement expropriés, leurs économies perdant de leur valeur réelle. 
  • Les risques vont de la fuite des capitaux et de la dévaluation monétaire à l’augmentation des coûts de financement pour les entreprises, en passant par l’instabilité du système financier. 
  • Cela explique également la demande persistante depuis des années des banques centrales, notamment celles des pays BRICS+, qui se détournent du dollar américain et se diversifient dans l’or.

Indices des matières premières (12 mois)

Source : Bloomberg Finance L.P.

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La présente publication sert uniquement à des fins informatives. Il ne s’agit ni d’une offre ni d’une recommandation d’acquisition ou de vente d’instruments financiers ou de prestations bancaires. La publication a été créée avec le concours d’Aquila. Nous n’en garantissons pas l’exactitude ni l’exhaustivité.

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